• Ce matin, premières gelées.
    J'aime sentir le froid fondre sur ma peau
    C'est comme le fin grésillement
    De la Vie...

    Un sentiment. Un
    sentiment... Cela peut sembler tout bête, dit comme ça ; mais ça ne l'est pas. Pas quand on s'est cru longtemps incapable d'en avoir, et que, poussé par la peur d'être un monstre, on s'en est infligé de sauvages, en-dedans, des sentiments. A s'en ronger la poitrine de l'intérieur, jusqu'à se brûler...

    Et cela, jusque dans mes rêves. Le sommum, je crois que je l'ai atteint juste après mon bac, en juillet 2003 donc.
    Dans ce rêve-là, je venais de tomber amoureux ; et puis ma copine (on était en 1943, en Italie) se faisait arrêter par les fascistes italiens pour avoir collaboré avec un réseau de Partisans (faut dire, moi j'étais un pilote américain abattu qu'elle avait recueilli). Ensuite, elle se faisait torturer, violer, trois jours durant ; et on la rejetait sur le pavé, abandonnée, détruite... Comme tout le monde se désintéressait d'elle, je décidais de l'aider à se reconstruire, autant qu'il me serait possible, même si personne ne nous soutenait. Me sacrifier s'il le fallait pour qu'elle arrive, peut-être, un jour, à reprendre goût à la vie...
    Ce n'était pas facile ; nous nous installions dans une maison isolée, sur le flanc d'une montagne. Et là, je tâchais de lui réapprendre les gestes élémentaires de l'existence, comme à une enfant. Le plus souvent, elle restait prostrée, elle ne parlait plus, ne réagissait plus, en état de choc. D'autres fois elle se mettait à hurler, terrorrisée, lorsque quelque chose ou quelqu'un la frôlait... Je crois que le plus poignant, le plus lourd à porter, c'étaient ses yeux. Des yeux qui exprimaient tantôt la gratitude, tantôt l'incompréhension puis l'affolement, une douleur terrible, une détresse sans bornes...

    On pourrait penser que, dans un rêve, les sentiments et émotions étaient atténués ; ne croyez surtout pas ça. Bien au contraire...et cela continua après mon réveil. Chaque fois que j'y repensais, des mois plus tard, je revivais ce ressenti intensément, précisément, comme quand on regarde une partition et que la musique revient d'elle-même dans la tête avant qu'on ait besoin de lire... Et chaque fois plus fort, plus profondément, plus douloureusement, pour surmonter l'horrible effet de l'habitude ; c'était comme retourner un poignard dans une plaie, comme remuer le lait qui chauffe pour éviter qu'une croûte se forme au fond de la casserolle. Augmenter chaque fois le seuil de tolérance... A l'époque, je n'imaginais pas encore la solution d'écrire pour exorciser ; s'il en avait été de même pour le reste, je ne sais pas où j'en serais aujourd'hui (ou plutôt si, je ne le sais que trop bien...)

    Je n'ai rien écrit là-dessus de satisfaisant à ce jour. Mais il faudra bien que je le fasse ; car comme vous le voyez, j'y pense encore. J'y ai gagné d'ailleurs un blindage ; le plus dur, parfois, c'est de s'en affranchir...

    Gatrasz.


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  • "Ah, comme je m'endormirai paisiblement, lorsque tu auras ton propre sang sur les mains..." disaient à Gray, derrière leur bandeau noir, les yeux de Patricia. Mais Gray savait qu'elle l'aimait malgré tout, qu'elle avait renoncé à sa vengeance, et il ne comprenait pas.

    Gatrasz.


    8 commentaires
  • Voilà ; comme ça, elle a un visage, maintenant, la p'tite Princesse des chansons de Dionysos. A savoir "She is the Liquid Princess" et "La Petite Princesse aux seins écrasés"...

    Gatrasz.

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  • ...j'aurais tout aussi bien pu l'intituler "Autoportrait"; mais j'ai craint de vous faire peur. Extérieurement, je ne ressemble pas trop à ça^^...

    Gatrasz.

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  • ...j'aime aller en cours d'anglais, finalement. C'est bon de s'ennuyer un peu de temps en temps, vous ne trouvez pas ?

    Gatrasz.

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