• Gatrasz.


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  • Regarde-moi, tiens
    Tu ne peux plus dire que je ne sers à rien
    Prends mon coeur comme tu as déjà pris mon âme
    Mon corps est une petite flamme
    Qui te réchauffe quand tu dors
    Qui ne demande qu'à (te) servir encore...
    Je veux bien être ton tapis
    Un mouchoir qui éponge tes pleurs et tes cris
    Je porterai ce qui te pèse
    Je peux aussi servir de chaise...
    Je t'aime en corps hyperactif
    Je sais aussi être décoratif
    L'esclave qui dénouera tes cheveux
    La chose que brûleront tes yeux...
    N'aie pas pitié de moi
    Sois ma prison, de tes dix doigts
    Ma geôlière, je suis ta clé
    A ton trousseau tu peux me lier
    M'attiffer, me rendre désirable
    Tu es ce vase et je suis la table...

    Gatrasz.

    P.S. : Merci, Petite Flamme, de m'avoir inspiré ce texte...


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  •      Chers amis, je vous pose cette carte depuis la gare ; le train va tellement vite, j'espère que vous me recevez...
     
          J'ai vu la Baie de N. ce matin, telle que l'Apocalypse l'a laissée. Spectacle étrange, j'aurais voulu que tu puisses le voir. C'est comme si la moitié de la ville rasée par l'explosion s'était écoulée dans la mer, à perte de vue c'est une forêt de poutrelles et de pans de murs qui s'étend sous les lueurs chatoyantes de l'aube. Au loin, l'eau libre se confond avec le ciel rose ; sur cette ligne claire se dressent les épaves rouillées des cargos, silhouettes noires plantées là comme des titans terrassés, des cétacés de fer hérissés de piques. La quille fichée dans un enfer de métal et de parpaings, ils attendent tout le jour que la nuit vienne à nouveau cacher leur déchéance et leur incongruité... J'ai voulu prendre des photos pour vous les montrer ; mais ce matin, à mon réveil, elles avaient disparu. Je crois que je sais pourquoi, je ne sais pas comment vous le dire...
     
          Tandis que le convoi s'enfuit entre les palmiers vers la jungle moite et obscure, j'ai envie de Toi. Je songe que le néant mange les images absurdes et le nom des voyageurs. Je pense à vous, et j'aimerais que vous soyez ici avec moi. Ainsi, vous pourriez comprendre... Il fait de plus en plus chaud.

    Gatrasz.


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  • (25 septembre, 11h)

    Immobiliste
    Plancton porté par les courants marins
    Je me laisse courir avec les yeux fermés
    Ne nageant que pour compenser
    Me donner l'illusion de la stabilité...
    Je suis suspendu à un fil
    Et je brasse
    Si près suis-je parfois de couler à pic
    Laisser l'équilibre se rompre
    Tomber dans le tambour de la machine à laver...
    Surnager, c'est de l'hypocrisie
    Ce n'est que souffrir, s'étouffer et mentir
    Englué dans l'écume de mes jours, de tes nuits
    Quand le contraire serait si simple...
    Lentement, laisser l'eau envahir mes poumons
    Attendre leur métamorphose
    Et puis cracher dans la douleur mes premières bulles
    Monstre hybride, mi-homme, mi-poisson
    Glisser vers les profondeurs obscures
    Zones de haute pression et basse température
    Mes os qui craquent, mon corps devient fluide
    J'ondule comme une anguille et ne respire plus
    Je filtre
    Faire l'amour avec les murènes
    Ma peau collée à leur ventre sous les poissons-néons
    Et laisser la lumière s'éteindre...

    Gatrasz.

     


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  • Princesse debout sur le pont
    Seule dans sa robe et ses pompons
    Tu es née sous d'autres néons
    Prétentieux ange de chiffons...
    Tout de suite je t'ai reconnue
    J'ai retrouvé mes heures perdues
    Ces nuits que tu m'avais vendues
    T'avais-je seulement déjà vue ?
    J'ai senti, Princesse fumeuse
    Le parfum de ta peau rugueuse
    Depuis les rives de la Meuse
    Serré les poings dans ma vareuse...
    Ton sourire m'a toujours fait mal
    Tes airs d'éthiopique infernale
    Dieu me préserve de tes bals
    Je laisse aux autres tes pétales...
    Tes vêtements sont des mensonges
    Qui n'existent que dans leurs songes
    Je connais le mal qui te ronge
    Je l'ai pris en jetant l'éponge
    A présent je suis comme toi
    Tes démons dévorent mon foie
    Les autres, ils s'en mordront les doigts
    Oh non, je ne leur dirai pas...
    Les voir souffrir est bien plus drôle
    Moi, j'ai déjà joué mon rôle
    Je laisse donc, froid comme les pôles
    Juste un baiser sur ton épaule...

    Gatrasz.

     


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