-
-
Regarde-moi, tiens
Tu ne peux plus dire que je ne sers à rien
Prends mon coeur comme tu as déjà pris mon âme
Mon corps est une petite flamme
Qui te réchauffe quand tu dors
Qui ne demande qu'à (te) servir encore...
Je veux bien être ton tapis
Un mouchoir qui éponge tes pleurs et tes cris
Je porterai ce qui te pèse
Je peux aussi servir de chaise...
Je t'aime en corps hyperactif
Je sais aussi être décoratif
L'esclave qui dénouera tes cheveux
La chose que brûleront tes yeux...
N'aie pas pitié de moi
Sois ma prison, de tes dix doigts
Ma geôlière, je suis ta clé
A ton trousseau tu peux me lier
M'attiffer, me rendre désirable
Tu es ce vase et je suis la table...Gatrasz.
P.S. : Merci, Petite Flamme, de m'avoir inspiré ce texte...
8 commentaires -
Chers amis, je vous pose cette carte depuis la gare ; le train va tellement vite, j'espère que vous me recevez...J'ai vu la Baie de N. ce matin, telle que l'Apocalypse l'a laissée. Spectacle étrange, j'aurais voulu que tu puisses le voir. C'est comme si la moitié de la ville rasée par l'explosion s'était écoulée dans la mer, à perte de vue c'est une forêt de poutrelles et de pans de murs qui s'étend sous les lueurs chatoyantes de l'aube. Au loin, l'eau libre se confond avec le ciel rose ; sur cette ligne claire se dressent les épaves rouillées des cargos, silhouettes noires plantées là comme des titans terrassés, des cétacés de fer hérissés de piques. La quille fichée dans un enfer de métal et de parpaings, ils attendent tout le jour que la nuit vienne à nouveau cacher leur déchéance et leur incongruité... J'ai voulu prendre des photos pour vous les montrer ; mais ce matin, à mon réveil, elles avaient disparu. Je crois que je sais pourquoi, je ne sais pas comment vous le dire...Tandis que le convoi s'enfuit entre les palmiers vers la jungle moite et obscure, j'ai envie de Toi. Je songe que le néant mange les images absurdes et le nom des voyageurs. Je pense à vous, et j'aimerais que vous soyez ici avec moi. Ainsi, vous pourriez comprendre... Il fait de plus en plus chaud.
13 commentaires -
(25 septembre, 11h)
Immobiliste
Plancton porté par les courants marins
Je me laisse courir avec les yeux fermés
Ne nageant que pour compenser
Me donner l'illusion de la stabilité...
Je suis suspendu à un fil
Et je brasse
Si près suis-je parfois de couler à pic
Laisser l'équilibre se rompre
Tomber dans le tambour de la machine à laver...
Surnager, c'est de l'hypocrisie
Ce n'est que souffrir, s'étouffer et mentir
Englué dans l'écume de mes jours, de tes nuits
Quand le contraire serait si simple...
Lentement, laisser l'eau envahir mes poumons
Attendre leur métamorphose
Et puis cracher dans la douleur mes premières bulles
Monstre hybride, mi-homme, mi-poisson
Glisser vers les profondeurs obscures
Zones de haute pression et basse température
Mes os qui craquent, mon corps devient fluide
J'ondule comme une anguille et ne respire plus
Je filtre
Faire l'amour avec les murènes
Ma peau collée à leur ventre sous les poissons-néons
Et laisser la lumière s'éteindre...
10 commentaires -
Princesse debout sur le pont
Seule dans sa robe et ses pompons
Tu es née sous d'autres néons
Prétentieux ange de chiffons...
Tout de suite je t'ai reconnue
J'ai retrouvé mes heures perdues
Ces nuits que tu m'avais vendues
T'avais-je seulement déjà vue ?
J'ai senti, Princesse fumeuse
Le parfum de ta peau rugueuse
Depuis les rives de la Meuse
Serré les poings dans ma vareuse...
Ton sourire m'a toujours fait mal
Tes airs d'éthiopique infernale
Dieu me préserve de tes bals
Je laisse aux autres tes pétales...
Tes vêtements sont des mensonges
Qui n'existent que dans leurs songes
Je connais le mal qui te ronge
Je l'ai pris en jetant l'éponge
A présent je suis comme toi
Tes démons dévorent mon foie
Les autres, ils s'en mordront les doigts
Oh non, je ne leur dirai pas...
Les voir souffrir est bien plus drôle
Moi, j'ai déjà joué mon rôle
Je laisse donc, froid comme les pôles
Juste un baiser sur ton épaule...
3 commentaires