Je suis comme un enfant qui verrait des Ombres
parmi les Vivants
; comme une fillette qui distingue les Monstres
dans l'Obscurité
, ou comme ce vieil Aveugle
dont les yeux déjà morts voient évoluer les habitants du Monde
de l'Au-Delà
. Je vois de sombres silhouettes aux Figures
grimaçantes ; ils me font peur, ils me glacent le sang mais maintenant je sais Qui ils sont. Je les ai reconnus - tellement parmi eux possédaient mon visage... Ils existent et ils n'existent pas, ils sont à la limite de la Réalité
et du Fantasme
. Ils vivent dans cette frange, cette bande étroite où presque personne ne peut les voir, entre les Apparences
et la réalité des Intentions
. C'est un peu comme voir des poissons, Créatures
insaisissables, nager et se faufiler en eaux troubles, imprévisibles, entre le Fond
et la Surface
...
Je vois chaque personne sous l'aspect d'un Kaléidoscope
. Il y a plusieurs formes, il y a plusieurs visages pour chacun. Je détecte en même temps le Montré
et le Caché
; je ressens dans mes tripes la gestation d'une Pensée
dissimulée sous le voile d'un Mensonge
. Plus celui-ci est tissé, argumenté selon la forme de la Vérité
, plus je la vois. Pourtant elle est absente : indéfinissable paradoxe de la Réalité
, insupportable contrariété pour une Franchise
sans concessions. Ces Fantômes
sont Clones
parfaits et en même temps Caricatures
. C'est comme croire à ses propres Mensonges
, on faiblit sous le poids de notre Fausseté
jusqu'à devenir cette Horreur
qu'on a créée. La Créature
de Frankenstein
prenant l'identité du Docteur ; le Spectre
prend possession de son Géniteur
. Moi, je les vois faire mais je ne peux rien. Grand œil sinistre et impuissant, je m'écarquille et je hurle en Silence
quand la Chose
insidieuse me montre les dents. Je regagne ma triste orbite, la Caverne
du Mythe où les Ombres
sont seulement des Films
. Et loin ; si loin...
Gatrasz.