• Princesse debout sur le pont
    Seule dans sa robe et ses pompons
    Tu es née sous d'autres néons
    Prétentieux ange de chiffons...
    Tout de suite je t'ai reconnue
    J'ai retrouvé mes heures perdues
    Ces nuits que tu m'avais vendues
    T'avais-je seulement déjà vue ?
    J'ai senti, Princesse fumeuse
    Le parfum de ta peau rugueuse
    Depuis les rives de la Meuse
    Serré les poings dans ma vareuse...
    Ton sourire m'a toujours fait mal
    Tes airs d'éthiopique infernale
    Dieu me préserve de tes bals
    Je laisse aux autres tes pétales...
    Tes vêtements sont des mensonges
    Qui n'existent que dans leurs songes
    Je connais le mal qui te ronge
    Je l'ai pris en jetant l'éponge
    A présent je suis comme toi
    Tes démons dévorent mon foie
    Les autres, ils s'en mordront les doigts
    Oh non, je ne leur dirai pas...
    Les voir souffrir est bien plus drôle
    Moi, j'ai déjà joué mon rôle
    Je laisse donc, froid comme les pôles
    Juste un baiser sur ton épaule...

    Gatrasz.

     


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  • Je l'ai dégotté sur le trottoir, dans une flaque d'eau ; je me suis cassé la figure de mon nuage en tombant dessus. Il pourissait dans le caniveau en plusieurs morceaux, si bien que j'ai cru qu'ils étaient plusieurs : c'est dire si ce bouquin était en piteux état ! L'eau s'échappait dans des hoquets ; alors je l'ai pris dans mes bras, délicatement, sous les yeux des passant(e)s (sauvages !), et je l'ai ramené chez moi.

    Elles en avaient à raconter, ces pages
    (certaines, troublante preuve d'amour, s'étaient collées pour affronter le destin ensemble), et leur histoire se lisait même sans connaître l'alphabet. Les blessures étaient palpables, et la pulpe des pages s'épanchait en hémorragie de mots. Ayant emprunté les doigts d'une Fée que je connais, je tissai donc une toile de soins autour de ce pulpeux petit corps fragile. Mes mains pressaient, caressaient, décollaient. (Massage cardiaque obligatoire) Je me faisais l'effet d'un chirurgien qui sépare des siamois ; lequel choisir, mon Dieu ? Et puis, 'm***' au Destin, vint le moment de les réunir, de les unir 2 par 2 et puis toutes ensemble (wouaaah...), ces pages rescapées. Avec amour, la 1 avec la 2, la 54 avec (ce qui restait de) la 55 (les mariages blancs n'en sont pas moins heureux, du moment qu'il y a la tendresse). Je tentai aussi quelques unions contre nature : cruel dilemme lorsque l'une d'elles est restée sur le billard... On a perdu la 192, comment le dire à la famille ? L'éplorée 191, et 193, soeur cadette de la victime, se consoleront dans les bras l'une de l'autre. J'en ai presque les larmes aux yeux...

    A ce jour, le patient est en bonne voie de rétablissement
    (pour une fois je suis fier de moi) ; à propos, j'ai oublié de vous dire, le petit nom de mon convalescent. Il s'appelle...Au Bonheur Des Dames. (Par ici mesdemoiselles ?) Bah oui, on ne se refait pas. Je dirais même que ça ne s'invente pas...

    Gatrasz Forever !



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  • (...et j'ai oublié Marjane Satrapi...)

    La petite Zazie était jolie comme les blés, enfin, je dis petite, elle avait déjà 17 ans et puis elle n'était pas blonde pour un sou (ni pour deux, non, n'insistez pas). Quand elle partait de bon matin, à bicyclèèèèèèteeuuuh, à la rencontre du facteur (bah oui, parce que c'est Jour de fête aujourd'hui), elle chantait des chansons étranges (chaque jour son train qui déraille, et tout et tout) et sa jupe voletait comme les moulins de papier dans les mains des enfants. Bernard, tapi dans l'ombre, n'avait plus son regard d'enfant ; fier de l'idée que les français aiment (et votent pour) les hommes d'affaire(s), il se croyait tout permis, y compris de mater Zazie qui allait zézayant sur son vélo zigzaguant. Il se disait en faisant des rimes :

    "
    Je bondis comme un tigre, je l'emmène dans mon yacht
    Et sans faire de chichis, sans un cri, je la..."

    Comme un cabri, oui, vous avez bien compris. C'est moyen comme rime, je sais bien ; mais quand on est plein aux
    liasses on peut se permettre de faire des rimes pauvres, en tout cas c'est ce que Bernard se disait, tapi. Arriva le facteur, il s'appelait Jacques Tati et venait finir sa tournée sous un arbre avec Zazie, leurs bicyclettes bien au frais dans l'eau de la rivière échangeant des petits mots d'amour... Autour d'eux, et pour éviter que n'importe qui les entende, les oiseaux sifflaient en catimini des mélodies d'Eric Satie. Bernard seul ne goûtait pas ce bruit, se voyant ainsi dépossédé du fruit qu'il convoitait (le malappris). Il se leva, de rage, et frappa contre un pommier car on était en Normandie (hé oui) ; de ce geste il récolta les fruits, qui lui tombèrent dessus pour lui apprendre à méditer sur la gravité...de ses actes et de ses pensées (il se retrouva donc au tapis). Tatin soit qui mal y pense, aurait pensé le jeune monsieur Tati s'il l'avait vu. Mais il avait mieux à faire, et les deux petites pommes qui roulèrent jusqu'à eux sur la route avaient de la concurrence jusque dans le décolleté de la jolie Zazie...

    Gatrasz.


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  • (...Pfff, la flemme de faire un dessin, ça c'est une pub iPod...)

    Elle se baladait sur l'esplanade, tranquille sous son débardeur ensoleillé. Confiante, les yeux fermés, ondulant comme une herbe sous le vent des prairies. Chacun la regardait, effondré dans un coin d'ombre comme les victimes d'une explosion solaire, et elle gambadait dans le cratère brûlant en dansant avec les radiations. Souple, sonore, elle émanait musique et ambiance, le décor s'élevait autour d'elle comme dans un théâtre numérique. On changeait d'univers d'une pression de l'index ; poussaient les tours et les minarets, le muezzin chantait en duo avec Tracy Chapman et la lumière brûlait les yeux tandis qu'elle passait. Fine comète hallucinée, qui laissait dans nos têtes une impression de court-circuit en image rétinienne...

    Gatrasz.


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  • J'étais avec toi dans ce festival électro urbain, à danser autour des platanes et des riverains. Technival officiel tout en soleil et en hypnoses... Pour une fois, tout nous était permis ; de concerts-House sur le toit d'un centre commercial en palais de l'Underground dans les parkings souterrains, tu ondulais dans ta robe légère et je brûlais torse nu sous mes lunettes de soleil. Au détour des ruelles en pente, nous serrions la main aux chevaucheurs de disques universellement connus, et ils nous invitaient à la piscine... Je crois qu'ils savaient pour nous, et qu'ils s'en foutaient. La vie était belle, le Rhône méditerannéen, et le soleil montait dans la nuit pour voir par-dessus les toits. On transpirait comme des athlètes, et ta robe était toute trempée... Le rythme était hypnotique, et le chemin tortueux qui menait à Nous dans cette ex-capitale électronique, sensuelle et agressive. C'est finalement sur une petite place irradiée de Son que ton corps s'est collé au mien dans un baiser-transe, claquant comme un coup de fouet qui  n'en finissait plus ; et j'achevai de te découvrir dans cette soupente, sous la lucarne par où entrait la rumeur qui nous portait, décryptait nos codes de sécurité, brouillait le signal de nos retenues. Je ne distinguais plus toi de moi dans l'eau qui coulait sur nous deux ; c'était Notre élément, notre Bulle liquide et étanche. Comme si j'étais le saumon et toi la rivière, ça coulait de source, tu me guidais et l'on s'emportait. Se transportait. Mes mains contre le mur tiède et mon nez contre toi, et ton coeur qui battait la mesure... S'y noyer pour prix d'une aventure, dire un grand "merde" à tout ce qui dure, et garder ton regard chaud et humide sur mon coeur, dans une petite rue de Lyon...

     

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