Comme vous m'avez beaucoup parlé de cinéma ces derniers temps, j'ai pensé que cela vous plairait peut-être de savoir que je suis en train d'écrire une série-télé. Enfin, je pense qu'on peut appeler cela comme ça; c'est plutôt une sorte de roman-feuilleton, qui se crée lentement au fil des chapitres/épisodes et que je vois naître sous ma plume; avec surprise, parfois, car il peut arriver qu'il m'entraîne loin, loin derrière le décor que je lui avais tracé tout d'abord... Au menu, politique, fantastique et policier. Un petit extrait ? D'accord...
"...<<ce soir-là en particulier, je laissai le pied au plancher jusque dans les virages en épingle à cheveux, malgré l'averse dense et continue qui annulait presque toute visibilité; mais je connaissais aussi bien la route que le comportement de ma voiture par temps mouillé, et ce que cela conservait de risques n'était pas pour me déplaire. Un petit dérapage, une sortie de route qui s'achèverait dans les sapins ou les rochers en contrebas serait une façon peut-être élégante de mettre fin à l'inanité de cette existence convenue et lassante, à la honte et au dégoût que tout cela m'inspirait à présent. Tandis que défilaient de chaque côté de moi ces poteaux de supplice potentiels, judicieusement placés ou épargnés, une sorte de mélange embrouillé d'idées se concoctait dans ma tête, à base de désillusions, d'incertitude quant à l'avenir, et d'angoisses diverses qui vous tombent dessus la nuit quand vous rentrez du travail, et que vous n'aspirez plus qu'au sommeil. Pas le grand Sommeil qui vous fait renoncer un soir à prendre un virage pour embrasser le destin dans une immense gifle, non; juste ce petit sommeil des lâches et des inutiles, un repos laborieux et entrecoupé d'insomnies où l'obscurité vous brûle les yeux et vous fait voir les fantômes de vos rêves et de vos ambitions passées. Vos échecs, aussi... Des nuits qui vous laissent les yeux cernés et le teint blafard, comme il sied à une personnification du ratage et du plus regrettable gâchis. Et à l'heure où le refus fatigué laisse place à l'envie, vous courez vers ce miroir comme les gouttes de pluie vers le goudron de la route dans le pinceau lumineux des phares...>>"
Gatrasz.
P.S. : si vous voulez, vous pouvez relire ça en écoutant Ben Harper, par exemple ; mais si vous êtes (déjà) dépressifs, je vous conseille plutôt Dionysos, "Coccinelle"...
... qui fait office de teaser??? Qu'il est parfois bon de se laisser déborder par sa plume... La laisser démabuler sur le papier au gré de nos inconscientes envies...