Depuis que cette aimable gazette me fait l'honneur d'assurer la publication de mes articles (comme
celui-ci ou
celui-là)
, je me suis laissé dire que bien des maris considéraient d'un oeil suspicieux leur bourgeoise, en parcourant la description (souvent licencieuse)
des charmants paysages féminins qu'en d'autres heures mes doigts ont découvert. Certains croient y reconnaître celle qui dans leur dos pianote innocemment sur les touches de son clavecin, la bouche en coeur et le rouge aux joues (parce que c'est la mode à la Cour)
; et d'aucuns me soupçonnent d'avoir puisé dans leur lit matière à mes chroniques libertines... Ils se trompent. Oui, je l'affirme, je n'écris jamais une ligne ailleurs qu'à mon bureau...
C'est un meuble tout à fait spécial, que j'ai fait faire par un vieil artisan pour qui la géométrie et l'anatomie n'avaient plus aucun secret. Non content d'être la solidité même, le bureau ainsi conçu présente l'exquise faculté d'embrasser parfaitement les formes de la Muse qui à l'instant propice viendra s'y asseoir pour m'offrir...son inspiration. Jugez plutôt si elle se présentait :
J'aurais bien envie d'écrire sur elle quelques lignes ; elle rougirait en reculant devant mes premiers assauts. Je la séduirais d'un regard brûlant et la coucherais doucement sur le papier, sur le bureau si vous préférez. J'écarterais ses doutes et ses jupons d'un geste caressant, du bout des doigts ; elle s'ouvrirait comme un livre, écartant dans un soupir ses pages blanches au galbe parfait entre lesquelles se perdrait mon regard. Me penchant sur elle, j'attendrais frémissant, grisé par le parfum de sa nouveauté, que sa bouche effleure mon oreille et, dans un souffle, me commande sans plus tarder de tremper ma plume dans l'encrier. Au moment crucial, nos âmes se rejoindraient ; elle se cambrerait, son dos et ses épaules épousant parfaitement les formes faites pour les recevoir, sur ce fameux bureau de bois verni...
Pour quelles raisons irais-je après ça compromettre l'honneur de mes lectrices au Saint des Saints du domicile conjugal ? Les belles Marquises (qui se reconnaîtront)
savent où me retrouver, elles connaissent l'adresse ; pour toute âme qui aimerait m'inspirer, on peut me voir tout simplement chez moi, au 49979 de la Rue Blogg...
Gatrasz.
ça fait très "vicomte de Valmont" ton post d'aujourd'hui! Tes chevilles ne seront pas en train d'enfler un petit peu? :-)))))))))))