• Mésaventure d'[Un Homme Pressé] (Première partie)...


         Le brouillard se levait lentement sur la lande ; ou plutôt il semblait s'écarter à la manière d'un rideau lourd, épais, de chaque côté de la route humide et noire qui traçait son chemin tout droit vers l'horizon bas. Reliant ailleurs et nulle-part, elle se découvrait comme une sinistre scène de théâtre, entre deux clôtures de barbelés qui pleuraient à grosses gouttes la pluie de la nuit. La famille de perdreaux qui s'ébattait sur le bitume n'avait pas l'air de saisir le tragique de cette aube grise et pluvieuse ; quelque chose couvait. C'était peut-être un orage, ou bien alors un coup de fusil, qui sait...

    Ce fut moins spectaculaire ; à peine un ronflement, une vibration sur la route et la Renault 25 passa au milieu d'un nuage de plumes. Pierre, 52 ans, cadre dans une grande entreprise de vente par correspondance, filait vers un énième congrès ; sa femme Justine, qui avait tant insisté pour l'accompagner, se cachait les yeux en poussant des cris dégoûtés. Il donna un coup de freins, mais trop tard ; cela suffit tout de même à lui faire ravaler le sentiment de culpabilité qui montait dans sa gorge. A cette heure, ce sont des choses qui arrivent... A cette heure, et à cette vitesse car, tout comme leur vie, la ballade était chronométrée. Le paysage défilait vite, très vite
    "ma carrière est en jeu / j'suis une comète humaine universelle" et Justine voyait à peine les animaux qui ne passaient pas sous la voiture. Elle se contentait de regarder au loin...

    L'humidité se condensait sur les vitres de la Renault 25 ; avec le chauffage au maximum, Pierre réfléchissait en s'affaissant sur le volant. Tous ces congrès, ces paysages lointains qu'on ne touchait jamais du doigt, il en souffrait de plus en plus ; la frustration le tenaillait tous les jours. Aussi, au soir, quand ils s'arrêtèrent dans ce petit hôtel isolé, Pierre eut-il subitement l'envie de tout laisser tomber. L'argent, il en avait à revendre ; le
    Temps, c'est tout ce qu'il lui restait à prendre, et il en avait assez d'attendre.

    Il l'annonça à son épouse au cours du repas, entre les frites et l'entrecôte cuite à point ; le visage de Justine s'éclaira, comme il s'y attendait. Combien de fois, en vingt-et-un ans de mariage, avait-elle pu rêver en silence qu'il se décide enfin ? Il l'ignorait, mais cela devait faire beaucoup ; son épouse lui semblait plus grande tout à coup, plus sereine. Plus belle...

    C'est au moment du café que le jeune homme vint leur parler. Comme s'il recherchait de la compagnie ; Pierre s'en émut. Il avait commencé comme démarcheur pour sa société, et il se reconnaissait un peu dans ce petit représentant, ce blondinet à lunettes. Même style, même confiance en lui et en l'avenir...
     
    A suivre...
     
    P.S. : (...petit clin d'oeil à Noir Dez' pour la citation...) 

    Gatrasz.

     


  • Commentaires

    1
    Jeudi 20 Septembre 2007 à 13:10
    Bonjour Gat'
    Intéressant ça, à suivre ;-)
    2
    Barbara
    Jeudi 20 Septembre 2007 à 13:40
    c'est bien
    ce que je me dis, il vaut tout laisser tomber parfois... :-))
    3
    Jeudi 20 Septembre 2007 à 16:13
    B'jour vous :)
    @French' : oui, si tu le dis :) @Barbara : Mouais, enfin, attend de voir la suite^^ :D
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    4
    Miss Bonheur
    Jeudi 20 Septembre 2007 à 21:09
    VITE VITE
    LA SUITE BISOUS GAT MERCI DE TA VISITE
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