Elle est toujours là ; elle ne me quitte jamais. Chacun de mes pas lui est connu mais je ne la connais pas. Elle rôde comme le Chasseur qui joue avec sa proie, elle se cache et ne montre que ce qu'elle veut bien laisser voir, elle se distille ; et son rire augmente au rythme de ma terreur, du son cristallin des bulles sur un verre de champagne au rugissement indescriptible dont aucune bête ne saurait s'enorgueillir... Elle rit ainsi quand mon coeur s'arrête, quand mon pouls s'accélère elle se tait prudemment. Ses indices, comme des fanions qui balisent mon chemin, sont partout : dans ce riff étrange de Tony Iommi, dans cette flamme verte qui s'allume un instant, la nuit, derrière la vitre d'une cabine téléphonique. Elle s'est intéressée à ma généalogie, je trouve son nom sur les registres, lié au nom de mes aïeux par la marque infâmante de ses griffes. Son sang coule dans le mien, j'entends sa voix de basse dans les battements de mon coeur qui clament : "je-suis, je-suis, je te suis
"... Avec le temps, son poids se fait plus écrasant sur mes épaules, mon corps rongé par son emprise crache tous les matins des poisons à son effigie qui laissent à ma bouche le goût amer de mon irrémédiable défaite. Elle me possède, elle m'a fait, elle a en moi ses marqueurs qui terrifient mon âme et cisaillent mes os. Je me tasse et me recroqueville à chacun de ses coups, me disloque et m'éteins dans cette boîte crânienne fragilisée. Bientôt son feu seul brillera dans mes orbites obscures, et l'on enfermera avec horreur le hideux spectacle de sa victoire sur ma carcasse corrompue. Les portes de l'asile claqueront sur ce qui fut moi, et personne jamais ne sondera les ténèbres où je sombre...
Gatrasz.
Ah ? C'est une fille cet créature ? Sacré cauchemar ! Sinon, "La mécanique du coeur" m'a l'air très réussie,au niveau sonore c'est absolument magistral, quant aux compos, j'attends de voir ce qu'elles donneront après plusieurs écoutes... Tu en penses quoi , toi ?