• Les Hommes Du Désert...


    (Ce texte est une transcription de la tradition orale des Hommes du Désert ; pas ceux en voile bleu qui ont une guitare en bandoulière, non. Ceux-là sont plutôt vêtus de rouge sombre, et rares sont les voyageurs qui ont eu la chance de les rencontrer)



    Le petit Ali vint en courant voir son père. Kamal, assis sur le sommet d'une dune, le dos appuyé contre le dromadaire agenouillé qui portait leurs réserves d'eau et de nourriture, le regardait venir.

    «
    Papa, Papa, cria l'enfant qui venait de faire pipi dans le sable ; dis-moi pourquoi je dois me débarrasser de toute cette eau, alors qu'elle est si précieuse !
    _Mon fils
    , répondit Kamal, ton corps expulse cette eau parce qu'elle est souillée. Au plus profond de chacun de nous, il y a un démon qui réclame son tribut en eau ; c'est pour ça que nous avons soif. Si nous refusons de le satisfaire, il se venge en nous desséchant de l'intérieur, comme notre peau brûle face au soleil du désert. Si nous buvons, sa colère s'apaise ; mais comme il est avisé, il n'en réclame jamais plus que nous n'en pouvons disposer ».

    Le jour suivant, Ali, qui venait de satisfaire derrière une dune à un autre besoin naturel – il était allé sur le pot, comme disent les enfants de chez nous – vint à nouveau voir son père.

    «
    Papa, demanda-t-il cette fois, dis-moi pourquoi je dois faire cela.
    _Mon fils
    , dit Kamal, je t'ai parlé hier du démon qui se cache au fond de nous ; ce démon réclame aussi chaque jour son tribut en nourriture. C'est ainsi que nous avons faim : si nous ne lui sacrifions pas la quantité qu'il demande, il nous ronge au creux du ventre, nous devenons maigres et très faibles. Après que nous avons accompli ce sacrifice, il nous faut nous débarrasser par les voies naturelles de cette nourriture qu'il a souillée, sans quoi nous tomberions malades ».

    Le petit garçon hocha gravement la tête ; son père lui expliqua que les choses fonctionnaient ainsi dans le désert. On respectait le démon, et le démon nous respectait. La vie avait son prix, et il en allait de même pour toute chose ; ainsi, le dromadaire qui les accompagnait transportait-il leur eau et leur nourriture, en échange de leurs soins réguliers. Puis, comme il était l'heure, le grand animal se redressa sur ses jambes maigres ; et l'homme et le petit garçon reprirent à côté de lui leur longue marche dans le désert.
    .

    Gatrasz.


  • Commentaires

    1
    Lundi 4 Août 2008 à 19:14
    Appel à contribution
    Eh vieille peau, j'ai fait un appel à contributions sur mon site, vas voir bordel!
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