Ce matin (c'est à dire vers 15h)
, comme quasiment tous les jours, j'ai pris le métro. Vous me direz, c'est une manie, je ne parle que de ça - c'est vrai
. Mais plus c'est noir et profond, plus ça m'inspire. On ne se refait pas... Donc, j'attendais la rame, tout frétillant
parce qu'il faisait froid; j'avais pris soin de prendre des écouteurs larges, en mousse, pour protéger mes oreilles. Enfin, les portes s'ouvrirent, et je me faufilai comme un gardon
dans la rame où il faisait bien chaud. Je remarquai soudain les tronches de mérou
des autres voyageurs urbains, migrateurs
pendulaires comme moi ; je veux dire, ce n'étaient pas forcément des thons
, mais ils se tenaient touts crispés, avec des yeux de merlans
frits, comme s'ils étaient constipés...ou tâchaient de toutes leurs forces de ne penser à rien. Je réactivai mes sens pour comprendre ce qui leur arrivait ; c'est alors que le Miracle
m'apparut.
Un Miracle
comme on en voit peu - un seul type les faisait comme ça, il y a bien deux mille ans. Un miracle... Tenez, je vous explique : c'était un Miracle Olfactif
. Il suffisait de songer à quelque chose, à quelqu'un : aussitôt son odeur
vous entourait. Celle d'une rose, ou bien le doux parfum
de l'être aimé... En ce qui me concerne, mes pensées me prirent à la gorge : j'étais en train d'écouter « Catfish Blues » - ceux qui savent de quoi ça parle comprendront
- et je peux vous dire que les gens s'en sont aperçus ! C'était un peu comme si j'assistais en direct à la multiplication des pains...euh, des poissons
sur les rives du lac de Tibériade. Une odeur de marée
à vous soulever le coeur. Un moment, j'ai cru que tout le monde allait vomir ; puis j'ai compris : il suffisait de penser à autre chose ! Comme j'écoutais la version de Jimi Hendrix de ce vieux blues génial, j'en vins tout naturellement à l'imaginer sur scène, en plein Flower Power
. De quoi assainir un peu l'atmosphère... Je rêvais, je rêvais ; je bondis soudain quand il voulut faire flamber sa guitare ; ouf ! A peine craquait-il l'allumette que j'instaurai le black-out. Une légère odeur soufrée
...c'est tout. Exit les relents
de gratte carbonisée ! Un type à lunettes d'écaille,devant moi, m'adressa un sourire reconnaissant - mélomane, le monsieur...
Sur le quai de la station des Carmes, je pus de nouveau respirer
. Pfff... Me remettant de mon apnée
forcée, dernière solution en fin de compte, je me confiai aux bons soins des escalators. J'aurais pu me féliciter d'avoir évité, dans ma playlist du jour, des choses aussi déplacées que « Chop Suey! », « This is the New Shit », l'intégrale du groupe Odeurs ou encore « Smells Like Teen Spirit » - on ne sait jamais
; mais non. Je me disais juste : « Mon Dieu, les
Miracles Olfactifs - c'est donc pour ça que les passagers du métro font toujours la tronche !
» ...
Gatrasz.
Tu parles bien de ceci (http://www.deezer.com/track/2181232) ?... Mais qu'est-ce que ça aurait donné si tu avais écouté le "constipation blues" de Screamin Jay Hawkins (http://www.deezer.com/track/268312), hein ?