C'est une histoire qui remonte à quelques années maintenant. Enfin presque, j'avais 19 ans. Je passais l'été avec de nouveaux amis (pas difficile, auparavant je n'en avais pas). Des gens extra qui partageaient les mêmes intérêts que moi ; entre eux je ne faisais pas de différence, émoustillé que j'étais par ce sentiment nouveau de s'attacher à d'autres êtres humains qui vous manifestent de l'intérêt comme si vous étiez "normal" (alors que vous êtes un affreux extra-terrestre, vous le savez pertinemment).
Elle, c'était une fille timide et distante, avec qui pourtant je parlais souvent ; tout le monde me disait "Hou, vous allez finir ensemble...", mais sûr de moi je répondais "Pfff, n'importe quoi..." (oui, à dix-neuf ans on peut être encore très bête). Et puis, avec le temps, j'ai gardé son adresse parmi mes contacts, je l'ai appelée, je lui ai écrit. Au début je pensais que c'était juste un genre d'échanges de bon procédés, histoire de se dire "tu sais, moi aussi j'en suis passé par là" et autres "mais non, tu es parfaitement normal(e) ; la preuve, on est pareils" ; et en fin de compte j'ai commencé à réaliser qu'il se passait quelque chose de pas normal. Les plaques de blindages invincibles dont j'avais jusque-là ceinturé mon coeur (je vous dirai pourquoi une autre fois) se dessoudaient, les boulons prenaient du jeu. Le coeur se jetait contre les parois, et cela faisait : "Boom boom, Boom boom..."
Non, bande de pervers, nous ne sommes pas sortis ensemble à la fin (de toute façon, ça ne vous regarde pas) ; mais elle est devenue pour moi une personne très chère, et j'espère ne jamais la perdre, de quelle façon que ce soit. Depuis, mon petit coeur est libre de ses contraintes intérieures et de mes interdits moraux d'un autre temps ; et il tend les bras aux passants. Artiste de rue, j'exécute mon petit numéro sans attendre d'applaudissements, j'espère juste qu'un jour quelqu'un s'arrêtera pour me regarder. Quelqu'un qui ne verra pas mes simagrées comme une pantomime infernale et stupide, quelqu'un que mes gestes feront sourire. Et si cette personne-là vient me proposer un spectacle en co-production, je suis prêt déjà à partager les droits. Le principal, c'est qu'on me laisse jouer ma vie sur les planches ; voire même un peu plus, pourquoi pas, si c'est gentiment proposé...
Gatrasz.
tu m'as fait rire, tu m'as émue, tu m'as touchée, tu m'as mise dans un drôle d'état...... je veux te regarder