• Le Bon Choix... [1ère Partie]


    (...j’aurais pu aussi intituler l’histoire "La mauvaise vie", mais comme vous devez le savoir, il paraît que c’était déjà pris...)

    J’avais été officiellement -
    si l’on peut dire - recruté quelques jours avant mes 21 ans ; à l’époque j’avais déjà effectué une poignée de boulots « spéciaux » mais on peut dire qu’après ça, j’étais réellement titularisé. J’avais signé pour changer complètement ma vie ; mais à ce moment-là, je ne songeais pas trop à ce que cela pouvait signifier. Juste un job, me disais-je parfois en souriant ; juste un job...

    Avant de passer du côté des menteurs, j’étais tout sauf original - encore moins après, d’une certaine façon. Pas assez nul pour foirer ma scolarité, mais pas assez bon pour en faire quelque chose. Des boulots à la con, et le soir au pub ; ou chez moi à écouter Joy Division. Tout seul ou avec une fille, jamais la même ; bref, rien de très franc ni de sincère. Déjà... Mais le genre de mensonges que tout le monde tolère et pratique, en secret mais sans illusions. Qu’est-ce qu’on risque, après tout ? Qu’elle nous quitte, ou bien qu’ils nous virent. Une raclée, tout au plus ; même pas la taule. Alors... Et puis le mensonge, pratiqué avec art, ça peut vous mener loin. Chef de service, rédacteur en chef, ou même ministre ! Mais je n’avais pas cette ambition là. Gagner ma vie, grapiller même un peu plus ; vous savez, le Home Cinema, l’I-Phone, le cabriolet. Une belle montre...pour certains, c’est à cinquante ans. Moi, je la veux tout de suite.

    Alors j’ai signé pour ça, et puis aussi pour mon pays ; ça compte quand on est un peu mégalo. Et puis mince -
    autant le dire - quand on est un fieffé connard. Comme ça, c’est fait. Je ne m’en suis jamais vraiment caché, c’est pas le moment de commencer à faire le timide. Non, vraiment pas. Chaque jour qui passe, je me le dis ; pas besoin qu’on me le rappelle, mais je dis ça pour des prunes : pour une fois où je le pense, trois fois on me le crache en plein visage.

    Pauvre con !

    Cette fois-ci, c’était moi. J’avais dans les mains mon appareil photo camouflé, le numérique dernier cri qu’on achète pas sur les plate-formes officielles, et je mitraillais à tout-va sur le bureau du ministre. Clic ! Et encore un site secret d’enrichissement d’uranium qui passe dans le domaine public... Clic ! Et puis un autre déclic ; le métal froid qui vient s’appuyer tout à coup sur ma nuque, avec l’odeur caractéristique de l’huile d’arme, celle du pistolet automatique soigneusement entretenu par un propriétaire jaloux. Toute l’excitation qui s’envole, et les tripes lourdes comme du plomb ; je me sentais soudain très bête. Et je me le redisais, mentalement, avec peut-être un brin de cynisme :


    pauvre con...

  • Commentaires

    1
    Vendredi 13 Novembre 2009 à 07:03
    Quel art du suspens !
    J'espère juste que la seconde partie ne tient pas en un seul mot : "bang !" :~)
    2
    Samedi 14 Novembre 2009 à 11:05
    T'es fait !
    Lache ton NIKON fripon, Gat' ou c'est moi qui vais t'impressionner.... Excellente histoire : la suite, la suite, la suite ...
    3
    Samedi 14 Novembre 2009 à 18:21
    @Andiamo & TB :
    ...:) La suite ? Euh...et si j'organisais un concours de suites ?
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