Photo : Le chapeau à plumes du Sergent Bobillot...
Je sortais, un peu fatigué, d'un de mes lieux de perdition préférés ; sous ma chapka je regardais le vent passer autour de l'extrémité de mes cheveux sombres (comme la nuit). Là, dans la vapeur qui s'envolait de mon café je vis tourbillonner les oiseaux, mes pieds fichés au sol sous mes chaussures-sac en plastique
aux semelles cassées (même pas mouillé !)...
Ils écrivaient en boucle dans le ciel tout gris, les escadrilles se fondant l'une dans l'autre et les individus s'effleurant les plumes. Et puis, quand on était bien ivre et que les plus faibles observateurs dégobillaient dans les fourrés, une poignée de ces gros flemmards se posait dans un certain arbre (toujours le même), lequel s'emplissait comme un panier de la ménagère à l'approche de Noël. C'est à dire que plus on en mettait, plus ça rentrait ; au bout d'une dizaine de minutes je craignis de voir les branches craquer sous le poids-plume
comme les cintres dans une penderie trop chargée, le tronc nu comme le bâton d'un Esquimau qu'on a bien apprécié. Mais non ; et si vous aviez le malheur de détourner les yeux, dans un grand "flop"
il en arrivait d'autres. Comme s'ils se décrochaient du manège. Vissé au goudron plutôt qu'à Gudrün, je ne perdais pas une miette
de ce spectacle étrange ; quand ils me surveillaient je regardais leur reflet dans le capot des voitures garées là tout exprès. En un quart d'heure le cyprès piaillant plus que dix-mille poussins rageurs était plein comme un charter
en direction du grand Sud (le Sénégal ou la Tunisie, le petit ne leur demande pas leur avis) ; tous les soirs à 17h35
il fait taire les locataires et le silence vient plomber tout ça. Je les observe depuis la cage réservée au(x)
Gatrasz(s)
, dans le Quartier des Animaux Perdus...
Gatrasz.
mais c'est vrai qu' il n'y a pas de singulier à étourneaux