• Je marche au gré de mes pauvres jambes dans les rues détrempées par la dernière averse, sous un soleil qui fait des bulles sur mes oreilles. L'herbe désséchée a pris l'eau comme des feuilles de thé, s'en expriment saveur et parfum, et un tanin qui s'imprime sur mes orteils comme le henné sur Tes doigts de Fée... Dans mon nez torturé passent les odeurs de la ville ; effluves de goudron fondu et d'essence, une touche de combustion en fines particules, et les pollen du Parc qui font pleurer mes yeux. Je suis trop habitué aux douceurs toxiques de la vie citadine, mon corps se révolte contre la simplicité d'une nature un peu trop souffrante à son goût. Torréfiée, pur arabica de plantes prisonnières, robusta pour survivre à l'étreinte carbonée de l'air consommé sans filtre... Cette bulle verte s'étend comme elle peut, fracture les routes et s'insinue dans les ruelles, elle se brûle à cet univers noir qui sent le sapin (de synthèse). Je suis allergique à la vie, et je ne distingue plus ma propre odeur au milieu du nuage chaud de la cité qui transpire. Perverse et fatiguée, elle répand sa langueur en phéromones mortelles et séduisantes ; c'est elle que je croise la nuit et qui se colle à mes jean's. Elle qui m'embrasse et se nourrit de moi, m'inoculant son poison en vénéneux mensonges amoureux. Et la nature devient sous ses mots un monstre, qui se tord à l'agonie dans les places écrasées de Soleil et les parcs mangés par le Temps ; son cri devient déchirant, viscéral et indécent, il affole nos petites antennes... Mais nos casques nous en protègent, et c'est sans peur que nous voyons passer, dans le cimetière de nos sous-marins nucéaires, des missiles qui passent et se rejoignent en grandes fleurs sombres dans le ciel d'été. Dans nos os, minuit a sonné. L'Apocalypse n'est donc plus vraiment pour demain...

    Gatrasz.


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  • (Premier produit de mon dernier Jeudi Noir, ma dernière nuit blanche d'écriture...je mettrai le reste en ligne bientôt)

    Je ne te connais pas
    Je t'aime, c'est tout
    Tu traînes dans la même nuit que moi
    Et tu as tiqué
    Tu as remarqué ma démarche hésitante
    Mes yeux à la recherche d'un feu
    Et je t'ai vue sortir tes griffes
    C'est ta parade, ton message d'espoir
    A ceux qui ont envie de te voir
    Moi j'ai souri, montré les dents
    Si tu préfères
    Je suis une nouvelle expérience
    Alternative à l'absence
    Je t'aimerai encore demain
    Parce que tu n'en as rien à faire
    Tout à dire, rien à prouver
    C'est quand c'est réciproque que c'est difficile
    Peur de trahir et d'aimer moins
    Dit-on...
    Je te donne tout, faute de temps
    Je me brûle et tu craques
    Comme une brindille dans mes flammes
    Sans toi je ne serais pas
    Je mourrai quand ton corps refroidira
    Et que s'allumeront comme la fin d'un rêve
    Les lumières du parking souterrain.


    Gatrasz.
     

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  •  
    L'autre jour, je papotais avec mon ami Antech' , en sirotant un jus de goyave en terrasse (tout ce qu'il y a de plus rafraîchissant en cette saison pré-estivale). Du vent dans les cheveux et des abeilles sur nos verres, nous parlions 'maison'. Faut dire, il vient juste d'emménager, Antech' , et il a toujours des théories intéressantes (ou ébouriffantes, c'est selon) :
     
     "Tu sais, me dit-il en reposant son verre, les maisons aussi ont une âme...
    -Une âme ? Ben voyons...et tu vas me dire qu'elles peuvent tomber amoureuses aussi ?
    -Je ne plaisante pas, protesta t-il de cette voix un peu caverneuse qu'il prend quand il est avec des amis ; les maisons, on les néglige trop. Elles sont comme des enfants...
     
    Il but une gorgée de son diabolo-grenadine, puis continua :
     
    -Vois comme elles sont conçues, avec amour ; les jeunes mariés dessinent en rêvant leurs futurs contours comme ils regardent les échographies. "Regarde, ici c'est la cuisine...oh, une jolie petite chambre d'amis...et là, ce petit escalier, comme c'est mignon !"
     
    Je hochai la tête ; ses paroles sont toujours empreintes d'un certain cynisme, c'est d'accord, mais il n'empêche qu'il avait raison, sur ce coup. J'avalai pensivement une gorgée de mon jus de goyave.
     
    -Et puis après, poursuivit mon pote Antech' , ils emménagent. Et ils font des gamins, la vie est belle, tout le monde est heureux. Et on commence à s'habituer à la maison, on se sert d'elle et puis on l'oublie...
    -Mais...tu crois qu'elles s'en rendent compte ?
    -Bien sûr ! C'est comme un être humain, une maison ! Il y en a même qui sont jalouses. Rappelle-toi celle qui s'est jetée un jour contre le fils de Verlaine, tiens.
    -Oui, je me souviens ; à l'époque, on avait cherché à étouffer l'affaire, prétendu que le poète était violent et alcoolique... Sale histoire."
     
    Nous restâmes un moment songeurs, à méditer sur l'étrange profondeur de ces révélations ; toutes ces vérités qu'on ignore, par bêtise ou par manque d'imagination... Puis, Antech' s'est levé et il a fini son verre ; il allait être 17 heures, et je crois bien (malgré ses dénégations gênées) qu'il avait rendez-vous avec une théière, dans son cher petit salon...
     

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  • (Dans la série des pensées stupides qui n'ont l'air fondamentales qu'à première vue...)

    Je ne sais pas si c'est normal. C'est une chose dont je me suis aperçu, avec le temps ; et elle ne fait que se confirmer. Ma Vie ne m'appartient pas (pas plus qu'elle n'appartient à ceux qui vous l'ont donnée). Longtemps je m'y suis trompé, je pensais que la garder ou m'en débarrasser ne regardait que moi ; un choix personnel que tout un chacun se devait de respecter. Mais j'avais tort. On ne peut pas s'en détacher comme ça. Il y a des gens attachés à vous, que vous le vouliez ou non ; et si vous tranchez ce lien vous leur faîtes mal aussi. C'est inévitable. J'ai mis longtemps à le comprendre ; ça me paraissait tellement improbable, tellement...incohérent. Mais on ne peut pas juger de ce qu'on ne connaît pas, et je ne savais pas de quoi je parlais. Et puis, la réalité m'a rattrappé, elle s'est chargée de me l'apprendre : l'Amour change la nature des choses, y compris les plus personnelles...

    L'Amour, c'est un peu comme prendre des actions chez quelqu'un, lui dire "je te fais confiance" ; le devoir de les faire fructifier est à sens unique. Je m'explique : en toute logique celui qui aime n'a rien à attendre de l'Autre, c'est une décision qui ne regarde que soi. Mais celui qui est aimé, s'il veut être digne de cet Amour, se doit de faire en sorte que celui ou celle qui a foi en lui ne soit pas déçu, ou bien il renonce à ses droits en la matière. La Vie, c'est ce que vous en faîtes, suivant des choix dictés par les Amours dont vous tenez à vous montrer dignes. A commencer par le vôtre (charité bien ordonnée commençant par soi-même, en toute logique populaire)...
     
     

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  • 2 Avril 2007, 7h30, près de La-Roche-Sur-Yon...

    (A l'arrière de la voiture depuis des heures ; il fait encore nuit)

    Imagine
    Un monde où il ferait tout le temps nuit
    Un monde
    Où les feux d'artifice seraient des éruptions solaires
    Et les couchers de Soleil, mythologiques
    Un monde où tout serait électrique
    L'éclairage, les voitures, les guitares
    Où l'on se cacherait juste en éteignant la lumière
    Un monde d'économie d'énergie
    Où les boîtes de nuit seraient des bals populaires
    Et les néons des constellations
    Un monde où nous serions rouges, verts ou bleus
    Selon la couleur des enseignes
    Où Minuit serait un âge de la vie
    Je t'aimerais toute la nuit
    Et il ferait nuit tout le temps...


    Gatrasz.


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