Dessin : à défaut de yéti, un autre de mes fantômes...
En ce moment, je sens qu'il y a un yéti dans mes pas. Un Abominable Homme des Brumes de mes pensées tortueuses, comme la pointe mouvante d'un iceberg. Il s'approche, il renifle ce petit Gat' de rien du tout qui l'a réveillé ; quand je m'assoupis je l'entends même un peu murmurer. Mais quand je me retourne et que j'ouvre les yeux, il n'y a rien. Il est là pourtant. Je le sais ; je peux presque sentir ses mains grises sur mes épaules, ces paluches gigantesques qui pourraient me broyer s'il lui en prenait l'envie. Ses yeux sont blancs, avec des ombres sur les bords ; il a le regard vide car ce qu'il voit est sans consistance. Il me regarde, moi bien réel dans son univers de spectres, en couleurs dans son film tout en tonalités de noir. Aux frémissements de ses doigts, je peux deviner qu'il souffre, qu'il est malheureux. Un jour, voyez-vous, j'ai été ce yéti ; je me suis senti puissant, important et spectaculaire... J'y ai cru, à tel point que je lui ai donné vie ; et puis la tristesse l'a étouffé, le manque de confiance l'a tué. A chaque fois c'est comme ca, c'est une hécatombe schizophrénique : je me réveille un matin et un autre de mes rêves est mort, bien vite remplacé par un nouveau. Je n'ose même pas imaginer, le jour où je les rejoindrai, l'armée de spectres gris qui viendront me demander des comptes...
Gloups.
Gatrasz.
te dire que tes mots me touchent toujours autant ...