• Jusque Dans Mon Lit...

    (Je vous assure, ceci n'est qu'un cauchemar...)

    Je regardais le pauvre crétin qui s'était hissé en haut de l'immeuble ; un type que j'aurais voulu ne pas reconnaître. Malheureusement, c'était bien Clément qui s'agitait là-haut, dans son costume débraillé d'apprenti-banquier débauché au beau milieu de l'après-midi. Il avait attiré l'attention d'un passant de taille respectable, un grand escogriffe que je reconnus soudain en avalant discrètement ma salive ; gloups. Le président...enfin, l'ex-président Chirac en papy souriant et bien entretenu, les mains dans ses poches sombres aux profondeurs telles que le fisc lui-même s'y égarerait sans doute. Mais non, le bras long mais respectueux de la Justice ne lui tapait pas sur l'épaule en ce matin calme et ensoleillé. L'homme d'Etat retiré des affaires clignait de l'œil en observant les oiseaux qui tournaient autour de la tête de Clem'. Clément, qui au cours de sa démonstration stupide jouait l'équilibriste alcoolique : il tournait sur lui-même, et son numéro de funambule ivre le menait vers un grand sac de toile tendu entre quatre piliers de béton. Je le voyais déjà tomber puis rebondir tristement, sous l'œil des témoins qui en avaient vu bien d'autres. Je me détournai donc, plein d'un mépris rageur pour le pétage de câble empesé de cet employé d'un bureau de change sur la Côte-d'Azur ; il n'y avait rien de contestataire là-dedans...

    Je heurtai du coup un petit homme venant au cœur d'un groupe compact que je n'avais pas vu s'approcher - ils marchaient trop vite. Il poussa un cri et je tombai, empoigné et cloué au sol par de solides gros bras. Quelle idée avais-je eue aussi d'aller me retourner au moment où précisément, allez savoir comment et pourquoi, Nicolas Sarkozy s'offrait avec ses gardes du corps une petite ballade sur le front de mer ? Pris de pitié sans doute malgré mon allure de lève-tard, il congédia d'un geste les gorilles qui disparurent dans les palmiers tout proches, et m'invita à la terrasse du plus proche hôtel pour discuter un peu. Vous imaginez ma surprise, mais j'acceptai quand même. Là, il me demanda sans ambages pourquoi je l'avais bousculé. Je me voyais mal lui expliquer mes théories sur la colère et la contestation du capitalisme-tyran ; il me fallait trouver autre chose, et je réfléchis profondément. Pendant mon recueillement presque métaphysique, une longue silhouette diaphane s'approcha en ondulant du bassin, de la démarche souple et assurée du guépard éthiopien. La blanche créature passa près de nous, effleurant du bout des doigts mon interlocuteur : «
    Que fais-tu avec ce morveux, mon chéri ? Il a l'air d'un clochard, à ta place je ne me compromettrais pas avec lui... » Les mots de l'amazone (que je ne nommerai pas, hein) firent immédiatement effet sur lui ; Nicolas Sarkozy se raidit sur sa chaise, et je vis ses traits se contracter tandis qu'une distance nouvelle tombait, ou plutôt retombait entre nous. J'ouvris la bouche, mais il ne me laissa pas le temps d'en placer une et m'annonça de but en blanc que je m'étais mis en le bousculant dans une foutue situation, vraiment... Je compris que je n'allais pas m'en sortir. Il fallait m'échapper, là, tout de suite, ou sinon j'irais croupir dans un centre de détention quelconque - avant d'être envoyé dare-dare par charter dans le premier pays auquel on pourrait associer ma condition d'apatride ; et je n'avais pas le moins du monde envie de savoir lequel. Je pivotai donc sur ma chaise et, plongeant à travers les buissons décoratifs de la terrasse, je disparus dans la plus proche ruelle.

    Depuis je vis terré dans une cave humide et obscure où je suis arrivé tremblant, traqué par toutes les polices de France ; ma retraite sordide est partagée par de sombres hommes politiques en disgrâce ou qu'on croyait morts depuis longtemps. Des silhouettes alourdies qui ressemblent un peu à Balladur ou à Pasqua, ou à d'autres qu'on a cité plus récemment sur les radios et le reste à l'occasion des élections; mais je fais semblant de ne pas les voir et tout va presque bien. Par la grille de caniveau du plafond entre un peu de lumière et coule un peu d'eau. Un complice nous nourrit, mais j'ai peur qu'un appel à dénonciation anonyme ne l'amène à nous vendre au tarif de gros. Alors, avant de disparaître, définitivement étouffé par la censure, je vous envoie ce petit mot sur un bout de journal délavé, plié en forme de petit bateau abandonné dans le caniveau...

    Gatrasz.


  • Commentaires

    1
    Jeudi 20 Mars 2008 à 16:51
    adiouLe Gat ...
    u grand plaisir que de t'avoir vu chez moi .. bisous
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    2
    Dimanche 30 Mars 2008 à 16:52
    salut
    Le gat ... mais ou es tu Bisous
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