• Indochine 1954 - Episode 4.


    Indochine 1954 - Episode 4.

    En début d'après-midi, Henri était de nouveau sur l'aile métallique couleur bleu-nuit d'un Bearcat pour sa seconde patrouille de la journée. Bouclant tranquillement les sangles de son parachute, il n'accordait pas un regard à son chef de patrouille qui s'harnachait de même dans l'alvéole d'à côté. Il ne le connaissait pas vraiment, ce jeunot de capitaine Le Glaec, qui débarquait de la métropole. Hasnel, lui, était né ici, en Indochine, alors ça lui faisait tout drôle de survoler son propre pays sous le commandement d'un Breton. Pas un mauvais gars au fond, Le Glaec ; mais aujourd'hui, Henri Hasnel trouvait la situation plutôt incongrue, allez savoir pourquoi. Avait-on idée, franchement...

    En vol, il tâcha de bien "coller" au chef ; en tant que nouveau, Le Glaec était sans doute bigrement attentif à ce genre de détail... Mais il n'eut pas à faire le beau bien longtemps, car la zone de patrouille était à moins de trois minutes de vol ; Diable, elle se rapprochait toujours, rampant dans les collines, sous la végétation, comme une inondation. Le premier éclatement de D.C.A. surprenait à chaque fois ; après, c'était la routine, piquer sur la cible désignée par le chef ou par la radio, et balancer ses charges incendiaires. Puis remonter en zig-zag, en espérant ramasser le moins de mitraille possible, voire pas du tout ; ça devenait presque un tour de force, avec la concentration croissante des batteries. Il ne s'agissait plus guère d'habileté, à ce niveau-là, mais tout bêtement de chance. Bang ! Henri sursauta ; ça y était, le premier coup était tiré, le reste allait suivre. Le Glaec se mit à battre des ailes, pas décontenancé pour si peu, et indiquant son objectif, il piqua. Quelques éclatements, plutôt vifs, l'encadrèrent juste avant qu'il ne largue ses bombes. Hasnel l'imita, plongeant gracieusement vers la traînée de feu qui marquait maintenant le sol comme une grande langue démoniaque. Au dernier moment, une pression sur le bouton de larguage, une traction sur le manche, de toutes ses forces, et hop ! songea-t-il, vers le ciel, avec quelques coups dans le palonnier pour que l'avion se dandine un peu, tout fier de dérouter les pointeurs de D.C.A., et s'enfuir lâchement une fois son forfait acccompli. Retrouver Le Glaec et aviser pour la suite... Le chef parut d'avis de rentrer, peu désireux de narguer les obus qui l'encadraient encore, et Henri se dit que c'était une conduite sage. Il rectifia la position dans la formation, histoire de tenir son rang. De la part d'un autre, ça l'aurait bien fait rire ; mais bon, tout bien réfléchi ce n'était pas si idiot que ça de s'en tenir au règlement de temps à autre, ne pas toujours faire le malin...

    A peine eut-il pris sa position qu'il se sentit stupide, cependant ; et il eut envie de se frapper la tête contre le tableau de bord. La fierté de respecter le manuel... Si Le Glaec était un gars bien, il s'en ficherait complètement ; au mieux, ils en riraient...

    Gatrasz.


  • Commentaires

    1
    Vendredi 12 Janvier 2007 à 15:40
    Hello Gat'
    Hé hé, pas mal comme nom, le Glaec ;-) Dis-moi, est-ce que tu as déjà piloter un avion ?
    2
    Vendredi 12 Janvier 2007 à 15:43
    Euh...
    ...non, j'aurais voulu le faire il y a une bonne cinquantaine d'années, mais...mes grands-parents étaient trop jeunes :)
    3
    Vendredi 12 Janvier 2007 à 16:01
    Ah oui,
    Dans ce cas, c'est compliqué. Je comprends ;-D
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