• Continuum Revolution... (4 et fin)

     

    Le problème se posait sans cesse, de plus en plus crûment. Ce qu’avait l’équipe scientifique, c’était les données - ou plutôt, un échantillon des données - de l’équation ; ce qu’attendaient les membres de la commission, c’était le résultat. La solution. L’inconnue ; et, du reste, à ce stade elle l’était toujours. Mais pour sauver le programme, il faudrait faire vite : si la Cellule d’Evaluation de la Recherche - qui s’impatientait déjà - repartait bredouille, c’en était fini des crédits de recherche pour les 3 prochaines années, et sans doute aussi de pas mal de postes... On réunit d’urgence tout le monde pour tâcher de trouver quelque chose ; une hypothèse, un fait isolé, n’importe quoi - mais qui puisse convaincre. Pourtant le soir, lorsque le professeur Milchmann, jusque là sur le grill, vint aux nouvelles, on n’était arrivé à rien. Les grands dinosaures ? Ils s’étaient éteints, mauvaise idée. Les robots du lointain futur, faute d’entretien, tomberaient en déliquescence, on l’avait vérifié. Les virus et les bactéries ? Il fallait du temps, on manquait encore de matière pour que l’argument puisse porter - au pire, on inquièterait la planète entière, comme avec ces histoires fameuses de grippe du cochon-d’Inde… C’est alors qu’un fait, un tout petit fait mais nouveau, émergea de la masse. C’était quelque chose qu’on n’attendait pas, qu’on aurait pour tout dire pas imaginé si... En fait, tout était parti de la grève des éboueurs.

    Je ne vais pas m’étendre sur les causes du mouvement social, ce serait malvenu et surtout très, très fastidieux. On sait en tout cas ce qui en résulte : les ordures s’accumulent, s’accumulent...et c’est précisément cela qui permit le retour en grâce du
    Voyage Temporel. Je m’explique : le technicien de nettoyage chargé de l’entretien de la combinaison du capitaine Mazurier avait lui aussi effectué, mais à sa manière, des « prélèvements » sur les semelles et sur le reste du vêtement. On n’en attendait pas moins de lui ; mais les déchets, la boue et pratiquement tout ce sur quoi le capitaine avait pu marcher sans songer à le mettre dans des éprouvettes, partaient tout droit à la poubelle. En temps normal, le camion des éboueurs passait deux fois par semaine pour emmener tout ça ; mais là, par le plus grand des hasards…non ! Le technicien avait eu la bonne idée d’en informer un petit malin de biologiste – qui avait eu l’intuition géniale d’aller voir si ces données-là confirmaient les autres. Et là...hé bien, on n’en savait rien encore. Le chercheur-providence était apparemment toujours dans un labo, en pleine analyse moléculaire. On s’y précipita ; et on faillit heurter le malheureux qui jaillissait, échevelé, les yeux fous, hors de son bureau comme un boulet de canon.

    « Eurêka ! »

    Sa découverte était effectivement...décoiffante. Ah, ils allaient rire, les
    économistes de la Cellule d’Evaluation : il y avait bien un point commun aux époques visitées par Mazurier ! Un être omniprésent, laissant complaisamment à quasiment toutes les époques et sur tous les continent passés et futurs, ses déjections - preuve indubitable de sa survie. Et cet être, ce grand génie de la survie, capable de traverser le Temps, d’y disparaître et d’y réapparaître – évitant, comme c’est bizarre, l’ère humaine somme toute anecdotique - ce maître incontestable de la Terre, dès le Mésozoïque et - on pouvait à présent le dire - prédominant dès le déclin de l’Humanité, c’était...

    ...Lystrosaurus
    . Une bébête avec un bec corné et de petites pattes agile ; un quadrupède fouisseur, même pas encore un mammifère. Juste une sale petite bestiole à peine plus grosse qu’un lapin !

    FIN

  • Commentaires

    1
    Jeudi 21 Mai 2009 à 07:09
    Même pas sûr qu'ils évitent l'ère humaine...
    ...je pense juste qu'ils se camouflent. Ce qui expliquerait d'ailleurs assez bien la taille et la gueule de mon chef de service (http://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Lystrosaurus.jpg)
    2
    Samedi 23 Mai 2009 à 01:13
    @Tant-Bourrin :
    ...oh, le pauvre homme (si toutefois c'en est un !) :-)
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