• Conneries de Sexe...

    Fond sonore : [Jean-Louis Murat - 16h00 Qu'Est-Ce Que Tu Fais ? ]


    "Hé, connard ! Mais pour qui tu te prends ? "  

    Elle se retournait comme une furie ; mon sac avait dû frotter, frapper peut-être son postérieur un rien proéminent, mais comment tu veux faire dans un supermarché à l'heure de pointe, hein ? Ma main, aussi, avait profité du voyage, je n'avais pas l'intention de le nier. La brune aux boucles artificielles continuait d'aboyer, mauvaise : 

     

    "Tu crois que tu peux me peloter, là, comme ça ? Non mais franchement, pauvre type !

    _Faut dire, t'as un corps qui mérite toutes les attentions...

    Une réponse comme j'aime bien les faire, en coup de dés, ça passe ou plus souvent ça casse. Pour ce que j'en avait à foutre, de toute façon... Elle se rapprocha, me toisa de haut ; j'aimais pas trop son parfum, mais ses cheveux...

    _...et tu crois que t'en serais digne, c'est ça ?

    Je ne jugeai pas nécessaire de répondre. Cependant, le ton s'était radouci, et elle se rapprocha jusqu'à me souffler au visage :

    _Minable...

    Je souris ; le genre d'insolence censé attirer soit la gifle, soit une autre forme de bonne fortune. J'aurais pu tout aussi bien dire : tu veux vérifier ? Oui, apparemment elle voulait.

     

    Sa chambre n'avait aucune gueule, mais je m'en fichais totalement. Au risque de passer pour un romantique, j'avais enfoui mon visage dans les boucles brunes avec l'énergie du désespoir ; et je m'en serais volontiers tenu là. Mais elle réclamait autre chose et, bordel, demandé comme ça je ne pouvais pas dire non : j'avais le pantalon aux chevilles, et ses doigts constataient vigoureusement que je bandais déjà comme il faut. Je la débarrassai de son petit haut trop strict, me retrouvai nez à nez avec sa poitrine rebondie. Son soutif' une fois dégrafé, je le fis sauter d'un coup d'ongle qui fit jaillir des tétons pointus comme des balles. Je les touchai, les goûtai, et elle parut apprécier la méthode. Basculant sur son lit, elle m'entraîna dans sa chute au milieu des plis de la couette, une horreur synthétique de catalogue à la con, couleur indéfinie, je préférais ne pas savoir. Je m'installai pour reprendre la tétée, mais elle me poussa énergiquement plus bas, le nez presque dans sa toison brillante et mouillée. C'était direct, mais j'avais décidé de prendre mon temps. Ce qui rehaussa carrément le niveau, c'était ses bas. Noirs, d'un fin nylon satiné que je pris plaisir à filer de l'ongle par dessous tandis que j'y laissais glisser mes lèvres. Une vraie pin-up ; manquait plus que l'odeur de l'huile de moteur d'avion pour parfaire l'image. La glissade textile prit fin, et je mordis à belles dents la chair du creux de sa cuisse, juste sous le pli de l'aine. Pas au point de faire vraiment mal, non ; mais assez pour provoquer ce frisson général accompagné d'un petit cri, comme un signal.

    Viens donc goûter, camarade ; il est 16 heures...

     

    Griffant ses hanches, j'enfouis ma bouche au sein de son pubis moutonné de touffes sombres, ma langue s'activant comme un outil d'horloger. Les bruits de gorge devinrent des cris haletants au rythme de plus en plus fou ; quand j'eus remonté sa boîte à musique, elle se désarticula comme une ballerine qui tombe, vaincue par une epilepsie foudroyante, comme Ian Curtis au milieu de ses transes foutraques. C'était un genre de signal, ça aussi : c'était mon tour. Je grimpai sur elle sans lui laisser le temps de souffler. Je me glissai en elle sans y penser vraiment, refusant de penser, m'accrochant à cette sensation fuyante, indispensable et fragile, contact sexuel furtif et désincarné. Ne pas flancher, tenir jusqu'au bout de ce simulacre d'amour parce qu'autrement tu sais pas faire... Mais elle ne se laissa pas faire sans rien dire ; elle murmura des insanités dans mon cou, noua ses jambes autour des miennes, acceptant le combat qui, seul, justifiait l'acte. Nous luttions tous deux pour un même but, à qui l'atteindrait le premier, plus vite, plus fort ; en fin de compte nous jouîmes presque en même temps, elle a califourchon sur moi, nos corps emmêlés comme nos cris et nos souffles, perdus. Je lâchai ses seins, rougis sans doute, et elle s'inclina sur moi, m'inondant de ses cheveux - torrent de boucles humides de sueur, dernier suffoquant plaisir avant le retour pénible aux réalités. La mienne. La sienne. Elle s'allongea un instant contre moi, puis se roula en boule dans ses oreillers ; je luttais pour ne pas m'endormir là, vulnérable, inopportun.

    Soupir.

    "T'étais carrément en manque, dis donc !, risqua-t-elle, presque timidement.

    Que répondre à ça sans avoir l'air d'un crétin ? Rien, sans doute.

    _Pourquoi, ça t'a pas plu ?, dis-je, vaguement agressif ; l'énervement montait tout à coup, je savais bien pourquoi au fond. Pourvu que ça ne dégénère pas...  Elle s'assit en tailleur dans les coussins, voulut me toucher mais se retint.

    _Si. C'était bien. C'était très bien. T'es un amant attentionné. Ta copine, elle a de la chance, j'espère qu'elle se sait.

    J'eus l'envie brutale et furtive de la gifler.  Putain, elle avait compris ça aussi !  Je me retins, serrant dans mon poing les draps froissés par nos ébats, et sûrement d'autres types avant moi. C'était bien le genre... Du coup, au lieu cogner, je crachai quelques mots qui attendaient de sortir, dans le vide intersidéral de la pièce où je venais de baiser cette conne :

    _Elle s'en fout.

     

    J'avais postillonné sur son épaule ; elle baissa les yeux, mais ne fit rien.

     

    _Comment ça, elles s'en fout ? Si c'est ta meuf, elle doit bien s'en préoccuper...

     

    Elle eut le réflexe salutaire d'éviter ma main ; je fis des arabesques dans l'air avec mes doigts, comme si de rien n'était. Comme si rien n'avait failli déraper. Temps mort.

    _T'es lourde. Je te dis qu'elle s'en fout. Son point G, il est dans sa gorge, comme dans ce putain de film des années 70. Et ses orgasmes elle se les fait toute seule ; c'est pas vraiment le genre de truc qui peut se partager. Une branlette dans les chiottes, à côté de ça, c'est le paradis terrestre..."

    Elle n'ajouta rien. Pendant qu'elle enfilait un vieux t-shirt en reniflant, je me rhabillai ; puis je partis en claquant la porte. Dehors, il faisait déjà sombre ; les rues désertes s'offraient à ma fuite, et je m'engouffrai dans la nuit.

    Et merde...

     

     

    Gatrasz.


  • Commentaires

    1
    Mardi 21 Février 2012 à 06:11
    C'est ce qui s'appelle...
    ... un atterrissage violent ! Superbe nouvelle, bravo Maestro ! :~)
    2
    Mardi 21 Février 2012 à 13:50
    @TB :
    ...merci ! Tiens, c'est drôle ce que tu dis ; j'ai failli intituler ce texte "Crash" justement...
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    3
    Mercredi 22 Février 2012 à 10:29
    Decoiffant
    Un tourbillon dans lequel j'aurais aimé plonger... Et merde !
    4
    Mercredi 22 Février 2012 à 10:35
    @Andiamo :
    ...si tu veux proposer une illustration, tu en auras sans doute une part ;)
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