• Black Lights City Rising...

    (Dessin : plus tard)

    J'ai foiré. Oui, il fallait bien que ça arrive un jour ; encore. Pourtant j'y croyais, cette fois : j'avais le marteau en main, les machines bien rangées au bord du chemin, et retrouvé momentanément la boussole. Mais il a fallu que quelque chose cloche, un réglage, un bout de roche, que sais-je ? Un boulon dans ma tête, plutôt. Pourquoi ai-je voulu sonder les abysses ? Pour y trouver du pétrole, peut-être ? Bien piètre excuse, me direz-vous, et vous aurez raison. Assez de noir ici autour, assez d'espoirs perdus... Non, c'était vraiment pas le jour de balancer mes ondes, mes rafales d'infrasons en faisceau serré. Je n'ai pas regardé les étoiles, et je n'y ai pas lu l'alerte, la configuration maudite que je connais pourtant si bien ; le symbole était là, sous mes yeux, tout pantelant et le regard moqueur. Il savait, le fichu Destin, et il m'a laissé sournoisement dérégler mes instruments. J'ai tout envoyé, la sauce, le jus, l'électricité : la foreuse et le gravimètre vibraient comme des désaxés, j'avais même sorti le magnétomètre à protons et le canon à air comprimé...

    A présent, je suis comme un idiot sur mon bloc basculé, et tout tourne et s'élève autour de moi ; d'une rafale perdue, j'ai dû réveiller le Dieu-Poulpe au nom sombrement connu. J'ai trouvé au gré d'un rebond sa retraite révélée par la configuration stellaire, j'ai libéré des forces en sommeil depuis l'ère Primaire et peut-être bien plus encore. Cloué sur mon rocher, tout bouillant de fusion pas tellement partielle, je sens à peine encore la légèreté de l'air de ce matin sur le fantôme de mes épaules : passé proche mais si lointain déjà, inaccessible. J'aimerais n'avoir pas trouvé la fiche de la prise américaine, n'avoir pas su brancher le RS-137... Mais si ; pour une fois que j'avais compris quelque chose. Maintenant les arbres ont des bras distendus comme les fantômes de mes cauchemars, et d'autres détails que jamais je n'aurais su rêver, même si j'avais voulu ; je vois au loin les anciennes cités qui fondent, et s'en écoule un magma verdâtre qui reconstitue, ainsi que je le redoutais, la chose ignoblement tapie dans les sédiments... De grès verts ou de briques rouges, rien qu'un grand réservoir où sommeillait l'interdit, celui qui s'élève et sourit de mes crétineries sans nom, ses tentacules mêlés aux nuages graisseux qui couronnent et bafouent d'un même coup de tempête le jour impromptu de ma chute. En vrille, s'il-vous-plaît ; j'espère qu'il y aura de l'alcool, là où j'irai...


    Gatrasz.


  • Commentaires

    1
    Jeudi 6 Janvier 2011 à 06:00
    C'est ce que l'on appelle...
    ... un poulpe fiction ? :~) (Tu sais que t'as une belle plume, toi ?)
    2
    Mercredi 12 Janvier 2011 à 16:20
    Bonjour
    je passais, j'ai vu de la lumière je me suis donc arrêtée un instant, tu vas bien?
    3
    Vendredi 14 Janvier 2011 à 10:48
    Une tite ventouse peut-être ?
    CTHULHU le retour... Les tentacules m'en tombent
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