• Fond sonore : moi (pour une fois) [et ici une de plus! ]...

    (J'avais envie d'écrire un texte sans queue ni tête, et de le lire...voilà qui est fait ! )

    Il est venu, le poulpe ammoniac et putride
    Et il suintait le vice par tous ses madrépores
    Les vieux hommes ont lâché leurs idoles impavides
    Pour vénérer le monstre au mufle Nicéphore...

    De son poreux sourire on fit des statuettes
    Agrémentées souvent de scènes de bondage
    Des sacrifices iniques de belles anachorètes
    Cuites à point par les prêtres dans d'odieux saxifrages...

    On adora enfin d'ingambes créatures
    Chevauchant les cités comme d'ignobles clystères
    Et croupirent dans le stupre ceux qui d'aventure
    Assommaient les poètes étouffés par les vers...


    Gatrasz.


    5 commentaires
  • (Photo : Gat' 2009)

    C'est un phénomène plutôt étrange que l'étalement d'une goutte d'hydrocarbure à la surface de l'eau ; idem sur les pavés, un jour de pluie, dans une rue commerçante à T[...]. La couche iridescente se répand sur le sol comme une traînée de poudre, étire ses limites comme par la force d'invisibles tentacules, recouvre tout comme une méduse de sa fine enveloppe toxique. Rien n'est plus beau que ce qui est toxique ; c'est ce que se dit le bourdon engoncé dans le piège d'une plante carnivore. C'est ce que pense le voyageur, hypnotisé par un serpent multicolore, sentant déjà dans ses veines le poison qui inexorablement s'insinue jusqu'à son cœur. C'est ce qui traverse l'esprit embrumé d'un [...]

    (et voilà, la nouvelle fait ENCORE deux pages ; pour télécharger la suite cliquez ici. Je l'illustrerai p'têtre, si j'ai le temps...bientôt ! :)

    Gatrasz.


    3 commentaires
  • (Le dessin n'est pas terminé, il manque les effets de reflets du fond de l'eau, mais...en attendant, je le mets dans sa version provisoire, avec un extrait du texte - et la suite si vous voulez)

    J'ai passé les vingt-trois premières années de ma vie sous le joug de la plus sinistre routine ; rien jamais n'arrivait dont j'aurais pu me dire ensuite : « je l'ai vécu ». Tout était toujours loin, gris et sans consistance à mes yeux. Je n'ai pas une seule fois songé à m'en plaindre ; cependant, j'allais silencieux dans les rues de ma ville natale, aux murs blafards de calcaire froid, recherchant sans cesse quelque chose de perdu, un souvenir, la certitude qu'un jour j'avais vu se dérouler ici des choses dont nul être aujourd'hui ne saurait conserver la mémoire. Des choses antédiluviennes qui feraient frémir d'horreur, assurément, tout autre que moi. Je [...]

    (la nouvelle fait deux pages, pour télécharger la suite cliquez ici. C'est, en quelque sorte, un petit hommage à Lovecraft...)

    Gatrasz.


    4 commentaires

  • III. ...TEQUILA

    Le lendemain matin, je m'éveillai auprès de Jess, dans la chambre que nous avions prise dans l'hôtel. Je tenais par ailleurs une bouteille de tequila vide et une impressionnante gueule de bois. Ma chère et tendre qui ne dormait pas me gratifia d'un regard noir et me demanda si j'avais bien dormi.

    «
    Tu devrais, ajouta-t-elle en se levant ; tu ronflais si bien... »

    Sa silhouette dénudée évoqua en moi une lueur de désir ; cependant, la nature se rappela aussitôt à moi par des vertiges et des nausées de la puissance d'un choc sismique... Je vomis ensuite pendant une bonne demi-heure.

    Quand j'arrivai en bas, dans la salle à manger un étrange calme régnait. A peine le bruit d'une petite cuiller touillant une tasse de café -
    assez pour me rendre à nouveau malade. Derrière celle-ci, un type bizarre qui n'avait pas l'air d'avoir picolé. Grand, sec, rasé de près - et flic. Quoi ? A l'époque, c'est-à-dire cinq années plus tôt, ils n'attendaient pas le matin pour venir nous sonner les cloches ; à cette heure-là, plus de shit ni quoi que ce soit d'illégal qui n'ait été consommé et au moins partiellement régurgité par les organismes coupables... Mais, ce matin-là, c'était un peu différent ; mon estomac recommença à faire des nœuds quand on souffla à mon intention que la police était là pour le meurtre.

    Après un interrogatoire à-jeun et vaguement bâclé
    - j'étais apparemment le dernier levé - j'eus droit de visiter en bonne compagnie la scène du crime. En fait, je passai simplement devant, encadré par deux policiers qui me ramenaient avec les autres ; mais j'eus de cette pièce où s'affairaient les experts une vision pour longtemps gravée dans ma mémoire d'alcoolique. C'était une chambre particulière, décorée selon un goût que les jeunes filles modernes apprécieront. Des murs touts blancs, de même que le plafond et le sol ; on eût dit un endroit oublié du grand créateur céleste - une image parfaite de la chambre vierge ou, plutôt, l'antre même de la virginité. La métaphore se concluait d'une manière sinistrement suggestive par une vaste trace de sang, comme un affront à la pureté ambiante. Derrière...tranchant sur la pâleur des parois, un nid apparaissait, tapissé de plumes pourpres. C'était comme une rose posée sur une feuille de papier à dessin, et dont le jeune sang vermeil aurait coulé selon la fantaisie d'un artiste aux inspirations glauques. Au milieu de cette grande bouche débordant de coussins bordeaux, un corps blanc aux formes gracieuses ponctué d'envoûtantes zones sombres. Triangle noir profond d'un pubis offert à tous les regards, entre les jambes largement ouvertes ; pointes vermeilles des tétons dressés vers le ciel, comme une provocation à la grâce divine et pure de la pièce ; cheveux brun-roux descendant en cascade de boucles sur les épaules nues, rondes et claires ; étoile sanglante aux branches ruisselantes comme des gouttes de peinture fraîche autour des seins moulés au bol de la défunte Marie-Antoinette. Le centre géométrique de cet marque tentaculaire naissait sous la gorge de celle qui avait été la strip-teaseuse de l'hôtel, la veille encore ; on y voyait en guise de source d'hémoglobine le goulot brisé de la fameuse bouteille de Bourbon...

    Au moment de passer, ma perception rendue lyrique par les restes de la
    tequila eut le temps de saisir encore un détail : dans les yeux bleu profond de celle qui fut pécheresse et écorchée vive, aux pupilles largement dilatées, une forme, une tache qui soudain pour moi se mit à grossir comme au travers d'une loupe ou d'un télescope. Effet de superposition, de réfraction, de décomposition de la lumière par l'alcool que j'avais dans le sang encore en dose massive ? Je vis nettement imprimé sur sa rétine le visage grimaçant d'une vieille femme au regard meurtrier, la gardienne de nuit de cet hôtel équivoque ; sa silhouette penchée en avant, son bras brandissant une bouteille de Bourbon fracassée... Je sentis - enfin ! - que je tournais de l'œil.

    FIN

    Gatrasz.


    4 commentaires

  • II. GIRLS...

    J'avais emmené la belle Jess sans trop lui demander son avis ; au bout de trois kilomètres elle avait décidé de ne pas être d'accord, un peu à cause des vieux enregistrements sur cassette que je repassais à fond et - surtout - à cause de ce qu'elle soupçonnait sur les anciennes relations entre membres du groupe - mixte, faut-il le rappeler. Et très 'Rock'n Roll'. Bref, elle était fermement décidée à se sentir de trop et à le faire savoir. Cependant, la maison était loin derrière, mon enthousiasme de vieil arsouille en pleine montée, et j'avais bêtement dans l'idée qu'on s'amuserait malgré tout...

    J'y avais plus ou moins réussi, en tout cas au début ; très imbibé, je m'étais mêlé aux autres, retrouvant les vieux amis de l'Université. Changés, c'est sûr, mais aucun de nous ne voulait en parler. C'était le grand oubli, le plongeon essentiellement
    éthylique dans l'ancienne vie, celle qu'on ne mène qu'un temps mais qu'on regrette toujours. Je rappelais à qui voulait mes exploits déjà lointains, quand écrire une chanson me prenait une (courte) nuit, avec un dictaphone et une bouteille de whisky. Je mélangeais allègrement, à l'époque, contestation politique et fantaisie obscure, Poe et Karl Marx trônaient sur des piles d'illisibles feuilles de cours. Dans ma chambre, croquis anatomiques douteux et affiches de concert voisinaient aux murs... Cette fois-ci, quelqu'un avait loué les services d'une strip-teaseuse, que je pouvais voir s'agiter dans un coin de la grande salle de l'hôtel. Vers minuit, je sortis prendre l'air avec une part de quiche ; après quelques minutes, Marcus vint me rejoindre.

    «
    Alors vieux, tu fuis le retour du succès ?

    Ce n'était pas vraiment ça. On célébrait les anciennes gloires rock'n rollesques d'une joyeuse bande d'alcooliques, et ça n'allait pas plus loin. Ça me plaisait, c'est vrai ; mais je ne me sentais plus tellement apte à mener cette vie insensée, j'avais perdu le rythme. Récupérer demandait plus de temps, et demain le réveil serait difficile... Je vidai ma bière d'une dernière gorgée mousseuse.

    «
    Mathilde picole trop, lâcha 'Chief' en allumant une cigarette (une vraie, avec du tabac : je n'étais pas le seul à avoir perdu). Je ne sais pas ce qu'elle a ; je crois que ça la gonfle de repenser à tout ça. La vie rangée, on s'y habitue : c'est déprimant mais moins éprouvant physiquement. Seulement, regoûter aux vieilles drogues, ça réveille les vieux serpents de mer...

    J'étais bien d'accord ; j'avais toujours aimé jouer avec
    mes propres serpents de mer, comme il disait. Ça se ressentait dans mes textes, d'ailleurs ; mais cela relevait essentiellement d'une vieille curiosité morbide qui, si on n'y fait pas gaffe, vous attire au fond. Moi j'aimais bien, Marcus apparemment aussi - Lola, on n'en sait rien, elle n'était finalement pas revenue. Mathilde, en revanche, n'appréciait pas des masses, et visiblement Jess n'avait aucune envie de voir ressortir les miens. La preuve, s'il en fallait une, vint ensuite : des cris, et la call-girl, l'air ennuyé, qui sortait de la pièce pour aller s'en griller une en attendant que ça se calme. En fin de compte, nous apprîmes que Tilda piquait une crise de nerfs, menaçant d'assommer à coups de Gibson Les Paul quiconque voudrait lui prendre sa bouteille de Bourbon. J'essayai tant bien que mal de la raisonner - elle faillit me fendre le crâne. Jess surgit alors d'on-ne-sait-où, la gueule sinistre, et décida qu'elle s'en occupait. Je songeai qu'au minimum le goulot de la bouteille lui ferait un grand sourire au milieu du visage, ou qu'elle s'y casserait les dents. Assez inexplicablement, du moins pour un type aussi ivre que moi, elle réussit à calmer la guitariste au moyen d'un discours radicalement sexiste - où j'en pris pour mon grade.

    «
    Nom de Dieu, pensais-je, les filles... » ; et, baissant pavillon, je quittai la pièce avec une séduisante bouteille de tequila pour aller dormir.

    (à suivre)

    Gatrasz.


    6 commentaires


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique