• J’étais en train de m’endormir sur le comptoir. Dans la pénombre, les bouteilles multicolores luisaient sur l’étagère, comme un feu d’artifice d’alcools. La fin de ma Guiness achevait de se solidifer, tandis que, sur un calepin estampillé Martini, le barman alignait des vers. En fond, on entendait un vieux Midnight Oil... Il était grand temps que j’aille faire un tour aux toilettes. Un peu chancelant, je quittait mon tabouret pour m’engager dans l’étroit couloir, absorbé par l’enseigne au néon rouge qui, tout au bout, indiquait « Boy’s Room » en grésillant doucement. Tant absorbé que je glissai sur une bière renversée, donnai de la tête sur le carrelage et moi aussi, un moment, vis rouge...

    Quand je revins des toilettes, un peu sonné, je commandai d’un signe une nouvelle pinte, histoire de finir de m’assommer proprement. Pas mal de choses à descendre à la cave des souvenirs, stockés de préférence en caisson blindé scellé à la gueule de bois. Ma bière vint se poser devant moi sur le zinc, avec la grâce et l’aisance d’un
    OVNI de cinéma (série Z). Noire, mousseuse, elle semblait posséder toutes qualifications nécessaires pour enterrer absolument tout ce qu’on voudrait : je l’adoptai.

    « Merci, Tim » dis-je, en saisissant la pinte obscure et, comme Arthur en présence du Saint-Graal, la portant à mes lèvres. Divin Poison !
    « Moi, ç’a toujours été Jim, lâcha le barman, impassible, en essuyant d’un coup de torchon mon précédent verre. Je tressailis :
    _Hum...c’était pas Timothée, la dernière fois ?
    _Tu dérailles, mon pote ; James Douglas, donc Jim... »


    Bin mince. Je l’avais toujous appelé Tim, moi. Peut-être un effet de la Guiness, couplée avec ma chute – de telles unions ne peuvent qu’engendrer des enfants de malheur. Délires, chimères et autres amnésies confuses. Et puis quand même, en y repensant, cette voix grave et profonde… Aurais-je loupé quelque chose ? J’attrapai son carnet tandis qu’il allait changer un fût au sous-sol. Fallait bien qu’il ait son nom dessus, de quoi l’associer nommément à son propriétaire légitime. Je ne lus pas de nom ; mais les lignes manuscrites, en revanche, ce poème sur lequel il travaillait entre deux clients, tout ça m’attira l’œil. Ça disait :

    « This is the end
    My only friend, the end
    Of our elaborate plans, the end
    Of everything that stands, the end
    No safety or surprise, the end
    I'll never look into your eyes...again... » (1)


    Bon sang ! J’avais déjà vu ça quelque part. Entendu, même... Je reluquai le visage de Jim, puisqu’il s’appelait comme ça.
    This is the end, Jim... La mâchoire m’en tomba tout à coup, en même temps que l’air me revenait en tête. Bon sang ! Comment peut-on oublier ça ? Et ce type qui essuyait les verres, là, c’était...

    Jim Morrison

    (1) : Extrait de "The End" par Jim Morrison et The Doors.


    Gatrasz.


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  • Gat' 2010

    ...Work In Progress...


    Gatrasz.


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  • Gat' 2010

    ...J'ai vraiment tout essayé pour ne pas m'y remettre ; tout, je vous assure, et je pour ça n'ai pas chômé. D'abord, j'ai décidé que cette année, je me consacrais à mon travail universitaire (vous savez, en vue de ce qu'on appelle un travail sérieux) : mais tout a une fin, et à la mi-mai, c'était plié.

    J'ai essayé les bouquins de science-fiction aussi ; ces vieilles sagas qui ont débuté dans les années 70 et qui continuent à sortir des épisodes inédits, c'est passionnant, j'me disais.
    Herbert, Asimov... C'est sûr, ça l'est : d'ailleurs j'arrive au bout tellement je les dévore vite. Conscient que le problème était loin d'être résolu, je me suis mis à regarder des séries à la télé ; enfin bon, je n'ai pas la télé, mais ce n'est pas un obstacle pour le vrai fan, l'intoxiqué de l'écran qui sommeille en moi a bien su se dépatouiller. Résultat : tout un monde parallèle sous forme de disques sur mes étagères. Et je pensais en avoir pour une vie à regarder tout ça : imaginez, trois ou quatre séries policières, autant de séries de science-fiction, d'autres avec des avions et de la Seconde Guerre Mondiale dedans, enfin, la totale quoi. Hé bien non, ça n'a pas suffi : là, je viens de finir de voir la saison 9 des 'X-Files', la dernière donc. C'est comme un point de non-retour : une étape, un tournant, après il n'y a plus rien. Quelques petits épisodes par-ci, par-là : trouver une bonne série, une vraie, une qui accroche ET qui soit renouvelée au-delà d'une ou deux saisons, ça devient difficile. Enfin bref, une autre source d'abrutissement se tarit, comme une fenêtre qui se ferme une fois qu'on a fini d'observer le paysage. Et je me retrouve là comme un couillon, avec mes petits accessoires : une guitare, du papier, tout un tas de crayons, et je sais que je vais devoir recommencer. Créer. Construire tout un tas d'autres mondes, parce que je ne les trouverai décidément pas ailleurs.

    Alors j'ai craqué, j'ai remis le couvert et racheté du carburant
    (faut c'qui faut) ; mon polar n°1 aura donc un petit frère, et puis bon, voilà, vous avez vu : la BD est de nouveau sur les rails. Je n'ai pas pu faire autrement ; c'est là-dedans, bien caché, et ça ne demande qu'à sortir, n'importe comment. Je n'y peux rien ; et puis bon, en même temps, je peux bien le dire : j'adore ça. La raison n'a rien à faire dans l'histoire, plus c'est fou, plus ça me plaît. Allez comprendre ! Bon, et puis maintenant, il faut que j'y retourne en plus, je vois la table à dessin qui me fait de grands signes. Quelle plaie !


    Gatrasz.


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  • Gat' 2010
    Fond sonore : [Sting - Desert Rose]

    ...(ce sont juste des esquisses pour me remettre dans le bain ; le sujet est déjà défini, la BD sera viable cette fois^^ Voir aussi ici, c'est le même projet.)

    EDIT : je viens de faire plusieurs constatations utiles :
    1. Le cadre géopolitique de mon histoire est plus que solide, aux racines même de la Guerre Froide. Parfait !
    2. La grosse multinationale sur laquelle je voulais 'taper' se trouve justement faire l'actualité sous son nouveau nom. Je n'en dis pas plus, mais...cool, je vais faire mouche !


    Gatrasz.


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